Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 393

Anthropologie symbolique ?

On tient des colloques sur les espèces animales menacées, pourquoi pas, mais que dire de celles considérées comme invasives contre lesquelles nous menons des luttes acharnées et souvent vaines ? Et ce sont souvent les mêmes qui pleurent les premières et s’adonnent à des exterminations massives chez eux, en milieu urbain.

Débarrassée provisoirement des souris à la faveur de pièges empoisonnés, je découvre horrifiée, lors d’un passage estival à Bordeaux, qu’une des chambres a été colonisée par des mites vestimentaires. Google me propose quelques solutions écologiques que je tente. Echec, une solution chimique à grande échelle me débarrasse du problème. Nouveau passage à Bordeaux, des mites alimentaires ont colonisé un placard de la cuisine. Mettant de côté mon aversion totale pour les insectes, j’essaie de prendre les choses avec philosophie : c’est un comble pour une anthropologue d’être attaquée par des mites… Je jette les denrées, traque les larves, nettoie avec ardeur…  Mais chaque soir, vers 21h, une vingtaine de mites sortent de je ne sais où pour me narguer. Alors, je chasse, armée d’un balai tout en étant harcelée par quelque moustique tigre – globalisation ? Et je prends la précaution de fermer mes volets pour ne pas donner à voir ce ballet ridicule à mes voisins…

Jour de rentrée, un cafard traverse furtivement sous l’évier. Je touche le fond…

Vous êtes peut-être prêts à prendre l’apéro agrémenté d’insectes grillés. Pas moi. Ne m’invitez surtout pas !

Colette Milhé

A propos antropologiabordeaux

Association loi 1901
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Un commentaire pour Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 393

  1. xavier dumoulin dit :

    Je ne sais pas si le terme de « répugnance » saurait définir ce sentiment de notre anthropologue vis à vis des insectes et autres bestioles qui hantent les placards et les tuyauteries mais je voudrais ici rassurer l’auteure du billet (si elle éprouvait quelques scrupules justifiant cette auto-dérision auprès du public d’initiés quand par ailleurs elle ferme au nez des voisins ses volets pour faire son ménage) en lui faisant part d’un sentiment bien pire que le sien. Je ne parle pas de cette émotion qui prend à la gorge le néo-rural à la vue d’un serpent, d’un crapaud ou d’une chauve-souris mais de cette indifférence de gens du pays vis à vis de races de mammifères en voie de disparition quand elles peuplaient jadis nos landes de Gascogne. Je pense à la vache marine et au poney landais, ce bidet du littoral et des barthes de l’Adour familier des métairies de ces contrées jusqu’en ce premier quart du siècle dernier. Excusez ce changement de calibre dans le choix de l’exemple du rapport de l’homme à l’animal, mais cette problématique de la perte de vue de ce petit cheval barthais menacé de disparition hante à présent ma conscience qui cherche la cause psychologique de cet oubli collectif! A l’époque des « colloques sur les races animales », je saurais gré à votre communauté scientifique de sensibiliser de potentiels étudiants intéressés à une recherche sur les causes psycho-sociales de cet oubli collectif en faisant l’hypothèse d’une similitude de traitement de cet animal avec d’autres nuisibles légitimement pourchassés par ailleurs dans les règles de l’art… Avec toute ma reconnaissance pour cette occasion d’expression sur un sujet qui n’est pas mineur.
    Xavier Dumoulin

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