Chroniques d’un anthropologue au Japon (47)

Retour sur investissements

J’ai touché hier 10 yens (10 centimes d’euros) d’intérêts pour mes 2.000.000 yens (20.000 euros) placés à la banque. Chaque année, je reçois par la poste la carte postale qui m’annonce fièrement le même montant risible. 100 yens en 10 ans donc. J’atteindrai peut-être 500 yens (5 euros) à la fin de ma vie si je meurs vieux. Merci. Mais le plus drôle dans l’affaire, c’est quand même le prix du timbre poste, qui revient à la banque huit fois plus cher que mes intérêts (82 yens). A vrai dire, pour que les intérêts rapportent au moins le même montant que la valeur du timbre, il faudrait selon toute probabilité, que la somme déposée soit huit fois supérieure, c’est à dire 16.000.000 yens (160.000 euros). J’imagine que la plupart des clients déposent des sommes inférieures à ce montant, et que donc la banque envoie systématiquement, et à des millions de clients des cartes postales qui ont plus de valeur que les intérêts perçus. C’est non seulement une grande humiliation pour nous, mais aussi une perte considérable pour la banque. Qu’est ce qui peut donc motiver les banques japonaises à mettre en place et conserver ce type de service ?

Rémi Brun

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3 commentaires pour Chroniques d’un anthropologue au Japon (47)

  1. Lance-toi plutôt dans la collection de timbres alors!
    Colette

  2. Ou devenez un vrai spéculateur! Pour cela en France, il ne faut plus placer son argent, c’est à dire des fonds en euros car ceux-ci sont rémunérés à taux négatif par l’assurance vie. En clair un capital en euros perd de sa valeur au cours des ans. Par contre, les fonds communs de placement peuvent assurer de belles plus values au risque de voir exploser la bulle financière et de ruiner l’épargnant. Ce dilemme autour des moyens de s’enrichir renvoie selon nos savants anthropologues à des considérations plus larges sur le sens et la portée de nos comportements économiques largement conditionnés par le modèle dominant qui voudrait réduire les finalités de l’existence à la recherche de gains selon la théorie des jeux. Disant cela, j’imagine la tâche pour retrouver l’humanité d’une économie de dons dans la réciprocité des échanges où le symbolique gratifie davantage que la valeur d’usage de la marchandise réduite aujourd’hui à sa valeur d’échange… Tout ce bla bla de ma part pour échanger, sans masque ni précautions, quelques considérations de troquets, ces haut lieux d’échanges décomplexés en terrasse qui font vivre le lien social en cette saison estivale…

  3. Remi dit :

    En fait, plutôt qu’un choix, au Japon c’est simplement que tous les comptes courants sont aussi des comptes épargne. Donc tout le monde reçoit automatiquement ces sortes d’intérêts sans intérêt, et qui reviennent surement très cher en timbre poste à la banque ! Vous me direz, au moins ici, ils ne vous font pas payer chaque mois de frais de maintien de compte, comme ils ont le culot de le faire en France (quand même vous avez pris le soin d’annoncer une fermeture du dit compte, oralement, « mais bien sur monsieur que nous allons fermer votre compte, et cesser de retirer des frais », et que vous retrouvez 6 mois plus tard dans votre boite aux lettre une facture des frais en question à payer)

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