Chronique au carré
(Chronique sur les « Chroniques de l’ordinaire bordelais »)
Depuis dix ans, presque chaque semaine, le blog antropologia bordeaux publieune chronique nouvelle ; elles ont fini par constituer un « genre littéraire » en ce sens qu’elles obéissent à de strictes normes reprises chaque fois sur un sujet nouveau par des auteurs différents. Chacune commence par décrire une situation banale, de l’ordinaire dirait Chauvier, « mise en forme langagière des événements qui surviennent ». Surgit alors ce qu’il appelle une « anomalie », une contradiction qui infirme le propos antérieur, qui peut provenir du contexte ou de l’auteur. Il ne reste qu’à en tirer la morale qui conclut le propos. Ce peut être une condamnation, une découverte ou même, le plaisir de faire un « bon mot ».
Relisant les premières chroniques, je réalise que ce n’est que peu à peu que des normes se sont imposées allant de l’illustration d’idées générales à la présentations de situations. Y a-t-il une logique de l’écriture à moins que les chroniques ne prennent le moule du « fait divers » que décrivait Barthes dans « Structure d’un fait divers » (Essais critiques)?
Je ne sais si d’autres « textes courts » ont utilisé la même poétique. Mais nous ne sommes ni dans les billets « Au jour le jour » que Robert Escarpit a publié chaque jour durant quarante ans dans Le Monde, ni dans les Mythologies de Roland Barthes pour le journal Combat, mais dans un autre genre qui s’arrime au quotidien, à Bordeaux, et surtout au refus de « la rage de l’idée » (Flaubert) par la présentation de situations.
Bernard Traimond
antropologia bordeaux 