Chroniques de l’ordinaire bordelais. Episode 370

Sensations

Pour une somme modique, j’ai acheté à Saint-Michel un tome des Oeuvres complètes de Flaubert consacré à sa correspondance, éditées par Conard (ça ne s’oublie pas). Les pages n’étaient pas coupées ce qui m’a fait revivre des « sensations » comme l’on dit maintenant alors que le vocabulaire sportif nous envahit.

Je retrouvais l’attestation d’une histoire, un livre resté presque un siècle sans être lu, le sentiment d’être le premier à le lire mais avec les risques inhérents, la crainte de mal découper une page ou la constatation tangible du misérable statut du livre, oublié de tous. Avec évidence, il n’existe que dans deux circonstances, quand il est écrit et, Flaubert ne cesse de le rappeler lui qui dit ne pas vouloir se faire publier, quand il est lu.

Cette lecture ou plutôt ce découpage m’a renvoyé dans les années 50 du siècle précédent quand certaines maisons d’édition ne massicotaient pas encore leurs livres. Outre le souvenir d’un monde perdu, j’avais aussi le sentiment de déprécier l’objet : un livre non découpé vaut plus cher chez les bibliophiles. Une fois encore la comptabilité (l’économie diraient certains) ne fait pas bon ménage avec la culture.

Bernard Traimond

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