Festival Des Mondes Ordinaires
« Interactions »
Jeudi 13 octobre 2016
Attendus, sous-entendus et malentendus des interactions
9h – 10h30 : Découverte de l’anthropologie, rencontre lycéens et étudiants qui présentent leurs recherches
9h30 – 10h30 : Speed dating étudiants/chercheurs
11h – 12h30 : Les cireurs masqués de La Paz. Retour sur le tournage en Bolivie.
Amélie Bussy (monteuse), Colette Milhé (anthropologue, CEMMC), Michèle Pédezert (doctorante en anthropologie, laboratoire Passages, université de Bordeaux).
Quelles interactions suscitent une cagoule? Une rencontre fortuite avec Alecks, cireur masqué de La Paz en 2006 est le point de départ d’une enquête sur les cireurs cagoulés de la capitale bolivienne menée en 2009, 2012 par Colette Milhé. En 2016, Amélie Bussy et Michèle Pédezert l’ont accompagnée pour tourner un film documentaire.
14h30 – 15h10 : Le malentendu dans les interactions touristiques (Burkina)
Nadège Chaboz, anthropologue à l’Institut des Mondes Africains et secrétaire de rédaction des Cahiers d’Etudes Africaines, analysera des interactions dans le cadre du tourisme dit « solidaire », qui promet une rencontre « authentique » entre touristes et villageois visités, en montrant dans quelle mesure la rencontre fondatrice de ce type de tourisme est largement basée sur des « malentendus » qui proviennent majoritairement de la méconnaissance réciproque, et qui se trouvent renforcés par les idéologies et les discours liés au tourisme. A partir d’une situation précise (une séance de bilan en fin de séjour des touristes) elle montrera quels types d’interactions président à l’« illusion » de la rencontre, construite et instrumentalisée par l’association de « tourisme solidaire » mais également par les villageois et par les touristes eux-mêmes.
Pause 10 min
15h20-16h : Le marché des bénédictions : interactions au Sénégal
Mahamet Timera, professeur de sociologie à l’Université Paris Diderot Paris 7 et membre de l’URMIS, mettra lui l’accent sur les formes d’interactions ritualisées que constituent les prières appelées dwa (invocation en arabe), directement formulées dans les langues vernaculaires et profanes de l’Afrique de l’ouest sahélienne. Pouvant être exprimées dans divers contextes même quotidiens, ces invocations sont plus attendues lors d’évènements singuliers (naissance, mariage, décès, fêtes religieuses, départ en voyage, acquisition d’un bien, maladie, retrouvailles, remerciements…). Dédiées à un individu ou à un groupe mais en sollicitant la volonté divine, elles se présentent sous la forme de demandes, souhaits et aspirations, plus ou moins stéréotypés, verbalement ritualisés et formalisés à partir d’un socle littéraire, d’une oraliture que les sujets peuvent enrichir, modifier selon les contextes. La prière-invocation est une forme particulière de communication ritualisée entre les membres d’un groupe. Cette communication singulière relève d’une performance verbale, gestuelle et dramaturgique. L’accent sera mis sur la dramaturgie qui préside aux contextes d’énonciation, à la mise en scène et en récit.
Pause 10 min
16h10-17h : ‘‘Mise en scène de la vie quotidienne’’ au Mali
Anne Doquet, anthropologue à l’IRD et membre de l’IMAF, poursuivra le thème des interactions ritualisées à partir de la présentation de quelques scénarii tirés de la « mise en scène de la vie quotidienne » malienne. Eclairant le rôle de ces interactions jouées, elle questionnera leur efficacité sur les individus, mais aussi leurs dysfonctionnements par des ruptures de scenarii.
18h15 : Projection du film Avvia Cuzzà, de Rémy Jantin (France, 2017, 52’, produit par Dublin Films).
Dans un village corse du Haut-Taravo, caméra à l’épaule, le filmeur suit quelques habitants lors des élections municipales. A Cozzano, village de sa grand-mère, les échanges sont animés à l’approche du scrutin. Rémy Jantin les filme et nous les restitue.
Vendredi 14 octobre 2016
« Interaction, handicap et dépendance»
Séminaire professionnel
Il s’agira d’interroger l’interaction sous l’angle du handicap et de la dépendance et inversement.
10h-12h – (30mn de présentation et 20mn de discussion avec la salle pour chaque intervenant – pause de 15mn entre les deux).
10h-10h50 : Le parler frais des personnes catégorisées déficientes intellectuelles
Yann Beldame (Laboratoire Santésih, Université de Montpellier). À partir d’une enquête ethnographique auprès des sportifs d’élite de la Fédération Française du Sport Adapté (FFSA), il communiquera autour de deux niveaux de langage identifiés dans les entretiens quant à l’expérience de ces sportifs. L’un, conceptuel, était surtout porté par les membres de l’encadrement qui participaient aux pôles France (même si les athlètes eux-mêmes pouvaient aussi en avoir l’usage). Ce langage, issu des politiques publiques en faveur du handicap et largement utilisé dans le secteur médico-social, nous est apparu trop vague et dépourvu de valeur classificatoire en regard d’un autre langage, plus improvisé et inattendu, des athlètes. Ces autres mots, que l’on a ici rapprochés de la notion de « parler frais » forgée par Goffman, étaient directement indexés au contexte de vie des athlètes. Ils restituaient ainsi avec davantage de précision l’expérience de ces sportifs et venaient contredire sinon affiner certaines catégories majeures de l’action médico-sociale (voire celles du monde sportif) telles celles d’« autonomie », de « progrès », d’« inclusion » ou de « champion ».
Pause de 15mn
11h10-12h : Rester vivre à la maison à l’épreuve du grand âge
Michèle Pédezert (doctorante en anthropologie, laboratoire Passages, université de Bordeaux)
Michèle Pédezert a mené une enquête sur les « devenirs vieux » dans un village-rue du Béarn. Elle a d’une part étudié les différents types de relations sociales qui existent et permettent aux vieux de rester vivre chez eux, puis enquêté dans un deuxième temps sur les possibles et les limites du mourir à domicile. Actuellement doctorante, elle poursuit sa recherche sur le vieillir hors des villes et enquête sur le vécu des personnes âgées dans le péri-métropolitain. Aujourd’hui pour le festival Des Mondes Ordinaires, elle présente des situations observées de la vie quotidienne, dans lesquelles les vieux habitants se livrent à une réorganisation de leurs dépendances. Nous verrons par exemple une interaction visuelle, les « variations d’une porte cochère », des signes envoyés aux voisins ; une situation de soin médical, la visite éclair de l’infirmière, existant en « fulgurance ». Elles révèlent autant de pratiques et de ruses que ses locuteurs au grand âge déploient pour rester vivre à la maison.
14h-15h30 : Moi, mon fauteuil et les autres. Réflexions sur les modalités et les acteurs de l’interaction
Myriam Winance, (Chargé de recherche à l’INSERM). Une partie de son travail est consacré à l’expérience du handicap, notamment à l’interaction entre la personne et son fauteuil. Elle montrera que la mobilité de la personne en fauteuil résulte d’un processus d’adaptation réciproque avec son fauteuil et son environnement physique et social.
Winance Myriam, « Mobilités en fauteuil roulant : processus d’ajustement corporel et d’arrangements pratiques avec l’espace, physique et social. », Politix 2/2010 (n° 90) , p. 115-137.
Pause de 15mn
15h45-16h45 : Les mouvements (singuliers) et leurs hommes : du malaise à l’interaction (1ère partie)
Anne Marcellini (Professeur des universités, Université de Lausanne). Elle interviendra de deux façons :
Elle réfléchira à la façon dont le handicap sensoriel puis mental perturbent les codes de l’interaction (dans une perspective très goffmanienne). Marcellini Anne, « Déficiences et ritualité de l’interaction », Éduquer n. 11, 2006.
Pause de 15mn
17h-18h 2ème partie
Elle présentera ses travaux actuels en anthropologie visuelle issus de ses différents terrains auprès des champions du sport adapté.
Samedi 15 octobre 2016
9h-10h30 : Atelier d’initiation à l’anthropologie avec Bernard Traimond
(Professeur des universités émérite, université de Bordeaux) (Tarif : 10 euros)
10h30- 12h : Interactions occitanes, David Escarpit ANNULE
12h-12h30 : L’apéro des anthropologues
Présentation et signature de livres parus en 2016 par leurs auteurs : Yann Beldame, Nadège Chaboz, Eric Chauvier, Bernard Traimond.
12h30-14h30 : Pique-nique « Auberge espagnole »
14h30-15h30 : « Les interactions ordinaires », conférence d’Eric Chauvier
Une contre-histoire des interactions pourrait se faire au gré de 3 paradigmes (ou modèles): Van Gennep : transforme l’interaction en folklore, Goffman : transforme l’interaction en objet, Proust (qui a une longueur d’avance) réintègre l’interaction comme fondement de l’enquête (même littéraire).
Ping : “Avvia Cuzza!” au Rocher de Palmer | Dublin Films